Pour plusieurs familles, certaines situations quotidiennes amènent parfois petit loup à faire une crise ou à s’opposer: éteindre la télévision pour venir souper, ranger son jeu pour prendre son bain ou encore s’habiller pour partir le matin.
Tout d’abord, il est intéressant de savoir que les enfants de trois à cinq ans sont centrés sur ce qui se passe ici et maintenant. Ils vivent pleinement le moment présent : ils éprouvent une certaine difficulté à prévoir la suite des choses. Pour ceux ayant un tempérament plus impulsif et réactif, il devient particulièrement ardu d’anticiper les activités à venir et d’adapter leurs réponses émotionnelles lors des transitions. En effet, interrompre une activité, surtout si elle est agréable, est souvent très frustrant pour les enfants. Il en va de même pour nous! Imaginez qu’à la toute fin de votre film, alors que vous alliez enfin connaître le dénouement tant attendu, votre conjoint(e) ferme la télévision et vous dit : «C’est assez! Va faire une brassée de lavage!» Ceci étant dit, les transitions font partie de notre quotidien. Voici donc quelques stratégies utiles qui aideront votre enfant à mieux vivre ces moments quotidiens.
- Favorisez la mise en place de routines. Lorsqu’il se passe toujours la même chose dans le même ordre, il devient plus facile d’anticiper les moments à venir. Savoir à quoi s’attendre diminue l’anxiété et augmente la collaboration de l’enfant.
- Aviser votre enfant d’une transition à venir en lui offrant des repères visuels, car la notion du temps est trop abstraite chez les plus jeunes: «Julie, lorsque le sablier aura terminé de couler, ce sera l’heure de ranger ton jeu pour venir prendre ton bain.» «On quitte le parc après deux glissades.» «Quand la minuterie sonne, on arrête le jeu.» N’hésitez pas à lui demander de répéter ce qu’il devra faire lorsque le sablier sera terminé afin de vous assurer qu’il a bien compris la consigne.
- Bien qu’un peu moins concret, vous pouvez également prévenir l’enfant qu’il reste cinq minutes, puis trois, puis une. Utilisez le même décompte (5-3-1) afin que l’enfant développe une compréhension de la notion du temps («Lorsqu’il me reste une minute, je sais que c’est bientôt fini»).
Visionnez la vidéo: 3 trucs simples pour obtenir la collaboration des enfants
- Vous pouvez aussi favoriser sa collaboration en lui offrant une responsabilité : «Bon, c’est l’heure de partir pour la garderie, veux-tu apporter mon sac à main jusqu’à l’auto?»
- Donnez de faux choix à l’enfant. C’est-à-dire qu’on offre deux choix à l’enfant, ce qui lui donne l’impression d’avoir du pouvoir sur la situation, mais en réalité les deux choix répondent à notre demande : «Est-ce que c’est toi qui fermes la télévision ou c’est moi?» «C’est le moment de mettre ton pyjama. Est-ce que tu veux le choisir ou c’est moi qui choisis?» «Je te donne de l’eau, tu veux le verre jaune ou le bleu ?»
- Vous pouvez également mettre en place un système de motivation pour encourager votre enfant lors des transitions, lui donner des défis ou transformer la transition en jeu : s’habiller avant que la minuterie sonne, se rendre à l’auto en sautant comme un kangourou, chanter pendant les transitions, etc. Le but est d’associer une notion de plaisir à ces moments de transitions.
- Les repères visuels peuvent s’avérer très aidants pour les enfants. Ils permettent à l’enfant de prévoir la suite d’une tâche et favorisent l’autonomie. Imagez les étapes de la routine ou de la transition et mettez-les bien à la vue : la séquence du lavage des mains ou de l’habillage, la routine du soir, etc.
- Lors de la routine du matin, évitez de laisser votre enfant faire une activité qu’il aime avant qu’il ne soit prêt. Prenez plutôt un moment avec lui afin de lui montrer concrètement les étapes de la routine du matin. Ne vous contentez pas de le lui dire. Prenez le temps de pratiquer ensemble à quelques reprises. Une fois la routine complétée, prévoyez les activités plaisantes qu’il aura le droit de faire : casse-tête, livre, jeux, … Cela risque de le motiver à se dépêcher de terminer sa routine. Souvenez-vous de l’aviser du temps qu’il a pour jouer et de le prévenir de la fin de son activité.
- Suite à l’annonce du délai avant la transition à venir, ignorez les plaintes et les argumentations. Respecter le délai annoncé.
- Avant de donner votre consigne, approchez-vous de votre enfant et assurez-vous d’avoir son contact visuel. Adoptez un ton ferme et neutre : «Félix, regarde-moi. C’est l’heure de prendre ton bain, vient mon amour.» Vous pouvez aussi l’appeler pour qu’il vienne vous voir et lui donner votre consigne. Le fait qu’il doive venir vous voir l’aidera à se sortir de son activité et à être plus attentif à votre demande.
- Évitez de donner des consignes vagues ou peu directives : «Va t’habiller mon grand!» plutôt que «Penses-tu que tu devrais aller t’habiller?» «Baisse le son de la télévision Antoine» plutôt que «Le volume de la télévision est trop fort.»
- Afin de diminuer le recours aux menaces, remplacez les «sinon» par des «quand». L’idée reste la même, mais la formulation est plus positive : «Tu pourras jouer avec tes blocs quand tu auras mis ton pyjama» plutôt que «mets ton pyjama, sinon tu ne pourras pas jouer avec tes blocs».
Soyez patient et confiant. Votre petit est en train d’apprendre et c’est en se pratiquant, avec votre aide, qu’il s’améliorera. Si la situation demeure difficile, n’hésitez pas à faire appel à un coach familial qui pourra vous aider à mieux cerner les besoins de votre enfant et les meilleures façons d’y répondre.
Malgré ces conseils, votre enfant reste explosif, il a du mal à tolérer les frustrations et fait de fréquentes crises? Ou encore, il vous fait souvent sortir de vos gonds et vous trouvez une nouvelle fois à crier?
Auteur: Suzie Chiasson-Renaud, bachelière en psychoéducation, coach familial chez SOSNancy
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