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Êtes-vous un parent serviteur?

Quand les parents offrent un service 5 étoiles

Nos mères et nos grand-mères avaient des enfants sans trop se poser de question, parce ça allait de soi à leur époque. Toutefois, de nos jours, la décision de devenir parents est la plus part du temps mûrement réfléchie et relève du désir profond d’accompagner un enfant dans son cheminement. Vient alors, dès la conception, ce vœu ardent d’être un bon parent, de choyer ce petit être et de se mettre à l’écoute de ses besoins. Nos grand-mères «élevaient » des enfants, alors que nous, nous « avons » des enfants. Alors qu’à l’époque les petits n’étaient que très peu considérés, est-ce possible que dans la crainte de ne pas en faire assez, les parents d’aujourd’hui en fassent un peu trop pour le bien-être de leur progéniture? Est-ce possible qu’on franchisse parfois la mince barrière entre être un bon parent et être un parent serviteur?

Un enfant roi c’est quoi?

  •  Un enfant trop gâté qui fait des crises lorsqu’il n’a pas ce qu’il veut.
  •  Un enfant qui se croit tout permis, qui refuse toute autorité et toutes règles.
  • Un enfant impoli, qui ne respecte pas les gens, agit et parle aux autres comme s’il était le patron…
  • Un enfant dont les parents ne mettent aucune règle, lui donnent tout ce qu’il désire, lui évite toute frustration, tolèrent l’intolérable, et mettent toujours la faute sur « les autres. »

On en a tous déjà rencontré de ces petits despotes, les enfants des autres!

Et puis il y a les enfants princes!

Je parle de toute la génération d’enfants que nous sommes en train d’élever et qui sont aussi très gâtés et bien trop stimulés. Dès le berceau, ils ont des tonnes de jouets lumineux et sonores et ils sont habillés dans les meilleures boutiques, avec des vêtements plus chers que ceux de leurs parents. Ils font ensuite des voyages un peu partout, soit avec la garderie, l’école, le service de garde et la fin de semaine avec leurs parents, sans compter les activités parascolaires, le camp de jour et les vacances en familles souvent à l’étranger.

À chaque Noël, ils reçoivent une quinzaine de cadeaux dont la valeur dépasse souvent les 300$-400$. Ils les déballent à la chaîne et n’ont ensuite pas le temps de les utiliser plus d’une ou deux fois avant qu’une nouvelle avalanche de cadeaux déferle à Pâques, puis à leur anniversaire. Ils ont souvent plus d’argent dans leur compte en banque que leurs parents sans avoir jamais eu à lever le petit doigt pour le mériter et n’ont jamais besoin de le dépenser puisqu’ils reçoivent une «récompense » chaque fois que leur comportement est tout juste adéquat!

On veut tous être de bons parents; être à l’écoute de notre enfant, ne pas être trop sévères, être disponibles, amusants, compréhensifs, ne jamais crier, avoir toujours la patience et le temps d’expliquer, de rassurer, etc. Mais on en fait souvent bien trop! 

Quelques indices qu’on « fabrique » un enfant prince…

  • Notre poupon se promène dans une poussette à 300$, assortie au siège de bébé, au parc et à la chaise haute… Rien d’usagé pour notre chéri!
  • On l’habille dans les meilleures boutiques bien entendu…et on paie 60$ pour une robe qui ne lui fera que pendant 2 mois.  En grandissant, on n’hésite pas à se priver afin qu’il porte les meilleures marques.
  • Il reçoit, chaque automne, un sac neuf pour l’école et possède tous les gadgets à la mode.
  • La salle de jeu ressemble à la caverne d’Ali Baba. Dans mon temps, mes jouets tenaient dans une armoire ! De nos jours, les enfants ont besoin d’une pièce entière pour caser leur bazar…
  • Il reçoit des cadeaux à Noël, à son anniversaire, à Pâques, à la St-Valentin, à la fin de l’année scolaire et… à l’anniversaire du petit frère. Puis, il crie à l’injustice s’il ne reçoit pas de cadeaux à la fête des mères!
  • Son anniversaire est célébré chaque année avec fracas: quinze invités, un clown ou un poney, des cadeaux pour tous et une envolée de ballon!
  • Il se ballade partout avec SA tablette à 500$ sous le bras…même à 5 ans dans certains cas.
  • Notre adolescent est équipé d’un téléphone cellulaire plus performant que le nôtre, d’un ordinateur portable ou d’une tablette et il bénéficie d’un taxi privé sur demande.
  • On ne peut aller à l’épicerie ou au centre commercial sans résister à la tentation de lui acheter une « p’tite surprise. »
  • On marchande sa bonne conduite : « Si tu es gentil à l’épicerie, je vais t’acheter une surprise » Et en plus, on achète cette surprise même si on est plus ou moins satisfait de son comportement !
  • On se dépêche à lui servir sa collation au retour de l’école, on lui cuisine ses plats préférés et on ne peut se résoudre à le laisser se coucher le ventre vide quand il a refusé de manger ce qu’on lui a servi.
  • On ne lui demande que très rarement de faire sa part ou de rendre service et quand on le fait il se sent exploité: « Je ne suis pas ton esclave! » De notre côté, on n’ose rarement prendre du temps pour soi.
  • Nous prenons le temps de  lui « expliquer » ( lire ici justifier), à plusieurs reprises, chacun de nos refus et chacune des contraintes qu’on lui impose?
  • On se sent mal s’il s’ennuie et ne sait pas quoi faire et on se dévoue pour l’amuser s’il n’a pas de copain disponible.
  • On répond illico à toutes ses questions et demandes d’attention et ce, même quand on est à la salle de bain ou au téléphone.
  • On règle tous ses conflits et on lui épargne toute difficulté. Si Jeanne a du mal avec ses blocs Légo, elle n’a qu’à crier: PAPAAAAAAAA! Ça ne marche pas! » pour que son père accoure et règle le problème.
  • À l’heure de devoirs, on va chercher son sac, on sort son matériel, on aiguise son crayon et on se démène pour le motiver alors qu’il rouspète et bougonne. Certains parents font carrément les devoirs à sa place: « Vient Simon, ON a un oral à préparer, regarde, je suis allé chercher toutes les informations sur internet. »
  • Il a fait des voyages dont on n’aurait même pas osé rêver et on se sent mal de partir sans lui, ne serait-ce qu’un weekend.
  • Au resto, on l’autorise à manger nos frites s’il n’en a plus, on le laisse systématiquement choisir le film et les activités familiales.
  • La télé joue en permanence ses émissions favorites, en voiture on  n’écoute que la musique qu’il aime, on cuisine selon ses goûts et les vacances familiales ne tournent qu’autour de ses intérêts.
  • Et malgré tout, on se sent continuellement coupable, on a l’impression de ne pas être assez présent, que ce qu’on fait est encore insuffisant !

Bien entendu, il faut ici nuancer un peu. Être présent à nos enfants, tenir compte de leurs intérêts et de leurs besoins c’est important! Les problèmes arrivent quand le dosage n’est pas bon, quand les désirs de l’enfant prennent toute la place et qu’on retire de son chemin toutes les embûches.

Veiller au bien-être de son enfant, c’est excellent. Mais l’élever dans la ouate, ce n’est pas lui rendre service.

Quelques effets possibles

Plusieurs enfants n’ont pas développé le sens de l’effort

En effet, les parents donnent aujourd’hui très peu de tâches et de responsabilités aux enfants et lorsqu’ils le font, les enfants sont généralement grassement payés, même si, souvent, le travail a été bâclé. Il n’est pas rare de voir un enfant « payé » 5$ (et même 10$) par semaine, simplement pour faire son lit et ranger les jouets qu’il a lui-même éparpillé. Ces parents encouragent ensuite leur enfant à ouvrir un compte afin d’inculquer l’épargne, mais c’est encore eux qui payent lorsqu’il veut faire une activité ou s’acheter une babiole.

Le compte de l’enfant grossis au point où il n’a plus d’intérêt à épargner davantage puisque, de toute façon, il n’en a pas besoin. Ce qu’il désire, on le lui achète de toute façon, alors à quoi bon travailler?

Par ailleurs, dès la petite enfance, alors que l’enfant doit développer de nombreuses aptitudes (manger proprement, faire un casse-tête, découper, s’habiller, lacer ses chaussures), les parents sont constamment au devant de lui et font régulièrement les choses à sa place. Quels sont les résultats possibles?

  •  À l’école : Nombre d’enfants refusent de faire des efforts, de travailler. Ils cherchent toujours à s’amuser, ont du mal à respecter les règles, refusent de faire les travaux ennuyants et, dès que ça devient difficile, ils abandonnent.
  •  À la maison : Ils refusent toute tâche et refusent de donner un coup de main si ce n’est pas BIEN rémunéré. « Combien tu me payes pour mettre la table? »
  • Adultes : Ils veulent un gros salaire en arrivant sur le marché du travail, refusent de travailler le soir ou les fin de semaines, prennent congé le lendemain d’un party et quittent leur emploi dès que c’est un peu difficile.

Bien des enfants ne savent pas jouer et sont déjà blasés

En effet, à la garderie et souvent à la maison, ils ont, dès le plus jeune âge, des horaires chargés du matin au soir avec des adultes, bien intentionnés, qui les stimulent par des jeux, des activités structurées et des sorties éducatives. Ils ont, à leur disposition, des tonnes de jeux et de jouets variés dont des jeux électroniques de plus en plus sophistiqués. Alors pourquoi se fatigueraient-ils à s’inventer une voiture avec une boîte de carton? Ils n’ont que peu de temps libres, dès qu’ils tournent en rond, un adulte vient leur proposer une activité. Même en voiture, ils n’ont plus à regarder le paysage, un DVD ou une tablette leur fournissent des images bien plus intéressantes… Connaissez-vous bien des enfants qui ont déjà passé plus de 4 minutes à regarder les nuages ou les étoiles en rêvassant? Que risque-t-il d’arriver?

  • À la maison : Je rencontre régulièrement des enfants qui semblent avoir perdu leur créativité et sont extrêmement passifs lorsqu’ils ne sont pas animés par l’extérieur: ils écoutent la télé, jouent à des jeux vidéos, refusent de jouer dehors et veulent du «tout cuit ». Ils s’attendent aussi à vivre des activités spéciales toutes les fin de semaines.
  • À l’école : Souvent, ils ne savent pas jouer dans la cours d’école si personne n’organise les jeux. Ils tournent en rond sans savoir quoi faire. Et ils ne sont souvent pas très emballés par les activités proposées. Les sorties scolaires ne sont plus perçues comme un privilège extraordinaire. Ils bougonnent lorsqu’ils vont au musée, ils boudent la classe de neige et considèrent banal d’aller patiner pendant les heures de classe. Bien des enfants sont déjà blasés.
  • Adultes : Arrivés à l’âge adulte, ils ont parfois du mal à encaisser le choc du train train quotidien et ont du mal à concevoir qu’ils doivent travailler, faire les courses, cuisiner, nettoyer et payer le loyer. Certains jeunes adultes vivent alors une grande déception: « Ce n’est QUE ça la vie? » Dans certains cas, ils vivront alors une période dépressive ou encore ils rechercheront des sensations fortes par les sports extrêmes, la sexualité, les drogues, etc.

Plusieurs surconsomment, veulent tout, tout de suite

Pour les parents, c’est tellement facile de dire « oui » aux mille et une demandes. On aime leur faire plaisir, on a envie de passer du bon temps et, bien souvent, on en a les moyens. Alors on leur achète un petit quelque chose, des « surprises » presque toutes les semaines: une babiole au Dolorama, un t-shirt de Spiderman chez Walmart, un bonbon au dépanneur, ses biscuits préférés à l’épicerie…Bien sûr, les bon parents vont refuser les demandes irréalistes et disproportionnées, mais cèderont souvent aux petits désirs et caprices.  Mais que risque-t-il de se passer si on leur donne ces habitudes de consommation?

  • À la maison : Plusieurs enfants sont très difficiles sur la nourriture et s’attendent à ce qu’on leur cuisine un autre repas s’ils n’aiment pas trop celui là. Ils se sentent lésés s’ils n’ont pas un trampoline comme le voisin et font des scènes pour obtenir la dernière version de leur jeu électronique préféré.
  • À l’école : Ils sont habillés avec des marques de prestige, et souvent ils ne font pas attention aux objets ou à leurs vêtements « Mes parents en achèteront d’autres… »
  • Adultes : Dès qu’ils se trouvent un boulot, ils se paient une voiture de luxe, habitent dans un bel appartement, voyagent dans le sud chaque année, sont toujours dans les restos et n’accepteraient jamais de s’acheter un sofa usagé… Beurk! Ils s’endettent alors de plus en plus et retournent quêter papa et maman quand ils sont dans le rouge.

Ils ont parfois un égo gros comme la terre ou sont fragiles et démunis devant les difficultés de la vie.

Comment le leur reprocher? On a dit aux parents de valoriser leurs enfants… Obéissants, ils valorisent et récompensent tout et n’importe quoi.  Un gribouillis est traité en œuvre d’art, on fait une fête pour souligner un bulletin acceptable, on se pâme devant une chansonnette et on les pavane comme des trophées dans leurs petites robes signées…

Deux paires d’yeux sont là en permanence pour les surveiller et 4 oreilles sont disponibles en tout temps pour écouter avec patience et compassion. Croyant bien faire, on les protège à l’excès et on leur évite échecs et frustrations. On tente du mieux qu’on peut de ressembler aux parents de Caillou; on évite de se fâcher, surtout il ne faut pas élever la voix, on explique, on négocie et on rassure lorsqu’ils font des scènes, même s’ils nous ont frappé. On lit une histoire tous les soirs, on répond à toutes les questions sans soupir d’impatience, on prépare des repas santé, on fait le taxi la fin de semaine, etc. Un petit voisin l’insulte? On prévient ses parents et on le protège de ce vilain garnement. Le devoir est un peu difficile? On va voir le professeur. Il se blesse dans la cour d’école? On menace de poursuivre…

On veut que la vie de nos cocos soit douce, agréable, facile et on craint que les épreuves ne le traumatisent. On les surprotège, on tente de leur éviter les difficultés et les épreuves. On déteste les voir pleurer.

On les traite également souvent en petits adultes et on leur laisse le pouvoir de participer à toutes les décisions. Ils sont le centre de l’univers familial et dictent les sorties et activités. On choisi invariablement un restaurant doté d’une aire de jeu, ils choisissent le film du week-end (quand ils n’ont pas tout simplement le monopole de la télé… ou encore une télé dans leur chambre…) et les vacances familiales tournent en totalité autour de leurs goûts et désirs. Quand nous arrive-t-il de leur exiger de s’adapter à nos désirs, à notre horaire, d’écouter notre émission préférée ou, tout au moins, de ne pas nous déranger pendant notre émission?

  • À la maison : Ils s’attendent donc à être le centre de l’univers, à ce qu’on réponde immédiatement à toutes leurs demandes d’attention et ils s’attendent à des félicitations pour très peu d’efforts. Ils veulent traiter d’égal à égal avec l’adulte et réagissent mal à l’autorité puisqu’ils n’ont pas intégré la hiérarchie et se voient comme l’égal de l’adulte. « De quel droit peut-il m’envoyer dans ma chambre? »
  • À l’école : Certains enfants sont toujours en quête d’attention et de valorisation gratuite. D’autres refusent les contraintes et ont du mal à s’adapter aux règles de groupe et aux besoins des autres. Ils sont aussi parfois complètement désemparés lorsqu’un enseignant lève le ton et est moins parfait que ses parents… Plusieurs développeront d’ailleurs des symptômes anxieux.
  • Adultes : Ils réagissent très mal devant une difficulté ou un échec, ne sont pas préparés à ça et n’ont pas développé leur résilience.  Leur estime personnel est donc souvent bien fragile et liée au regard des autres. Dans les cas extrêmes, ce sont la dépression et le burn out qui les guettent.

Trouver le juste équilibre entre fermeté et bienveillance

Bien que tous les enfants princes ne réagissent pas de la même façon à cette surabondance, on se retrouve tout de même face à toute une génération de jeunes qui s’attendent à ce que la vie soit toujours facile, amusante et agréable. Plusieurs ont acheté la croyance qu’ils ne devraient jamais être frustrés, tristes ou déçus.  Ils s’adaptent alors difficilement aux exigences scolaires et, plus tard, à la vie adulte.

Pour plusieurs enfants, l’écart entre le « confort »  de la maison et les aléas de la vie est tellement importants qu’il génère un stress intense et, souvent, de l’anxiété.

Pour éviter cela, il est grand temps que les adultes qui entourent les enfants (enseignants, éducateurs et parents), mettent un peu de côté leur crainte de ne plus être aimé de l’enfant, cessent de se démener pour leur faire constamment plaisir et se mette à les éduquer. Il est impératif que les adultes cessent de confondre désirs et besoin, autoritarisme et encadrement, laxisme et bienveillance.  Pour ce faire, voici trois recommandations qui permettront aux parents d’être de bons parents sans êtres des parents serviteurs et à l’enfant de développer certaines habiletés nécessaires à son bien-être en société.

1- Enseigner à l’enfant à exprimer clairement et agréablement ses besoins.

  •  Cessez de deviner à l’avance les besoins de l’enfant et de penser à sa place. Laissez-le vivre une certaine dose de malaise et  attendez que l’enfant demande ce qu’il veut. Par exemple, laissez Antoine s’ennuyer quelques minutes plutôt que de lui proposer un jeu, attendez que Justine vous demande de l’aide avant de monter sa fermeture éclair et n’accourez plus quand les enfants se querellent. Dites simplement: « Si tu veux de l’aide, demande-le moi. »  Même les bébés devraient avoir à manifester leur faim avant qu’on leur donne le sein.
  • N’achetez rien que vos enfants n’ont pas demandé, et n’achetez pas tout ce qu’ils demandent.
  • N’obéissez pas aux ordres de vos enfants, exigez des demandes claires et polies. Refusez d’écouter l’enfant s’il crie, pleurniche ou prend un ton irrespectueux. (Sauf dans les cas où il vit un grand désarroi bien sûr.)
  • Évitez la surabondance de récompenses et de valorisations. Tous les bons comportements ne méritent pas d’être récompensés…

2- Enseignez la patience

  • La patience se développe avec de l’entraînement! Alors faites fréquemment vivre des délais à l’enfant, de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, pour toute demande.  « Plus tu insistes, plus tu attends… », « Plus tu es pressé, plus je ralentis…»
  • Permettez-vous aussi de faire vivre des délais à l’enfant dans ses demandes d’attention et de câlins. Certains parents se conduisent comme s’ils appartenaient à l’enfant, comme s’ils étaient sa peluche. Bien entendu, les enfants ont besoin du regard et de l’affection des parents, mais ne vous sentez pas coupable de différer votre réponse à son besoin quand vous êtes occupé. Vous cuisinez? Victor peut attendre un peu plus tard pour vous montrer son dessin. Vous êtes au téléphone? Coralie peut attendre quelques minutes avant de vous raconter sa journée à l’école. C’est le repas? Maude peut très bien attendre que vous ayez fini de manger pour grimper sur vos genoux et recevoir des bisous.   Alternez simplement entre des périodes où vous êtes disponible et attentif à l’enfant et des moments où il doit attendre. Jouez avec lui de temps à autres, donnez-lui de l’attention, mais ne vous sentez pas coupable de refuser lorsque ça ne vous convient pas. Pour aider l’enfant à patienter, il peut être judicieux de lui offrir des repères de temps: « Je pourrai jouer avec toi quand j’aurai terminé la vaisselle. » 
  •  Laissez les enfants désirer, rêver… Lorsqu’ils demandent un jouet, attendez quelques temps avant de le lui acheter. Pour qu’il se sente accueilli dans son désir, vous pouvez, par exemple, prendre en note ce qu’il veut ou prendre en photo l’objet convoité: « Tu aimerais ce beau camion rouge? Oui, c’est vrai qu’il est vraiment cool! Regarde, je vais le prendre en photo et ça me servira de suggestion à Noël ou à ton anniversaire. » 

3- Développez leur tolérance à la frustration

  • Ne confondez pas désir et besoin. Un besoin est quelque chose qui risque d’avoir un impact sur la sécurité et le développement physique ou affectif de l’enfant (Manger à sa faim et de façon équilibrée, dormir, recevoir de l’attention et de l’amour tous les jours, être vêtu en fonction de la température, etc.) Un désir, n’est qu’un « plus » dans la vie de l’enfant (Manger mes galettes préférées, dormir dans le lit de mes parents, avoir l’attention exclusive de l’adulte, porter des vêtements dernier cri, etc.)
  • Dites « non » plus souvent. Répondez plutôt rapidement à la majorité des besoins, mais ne  répondez “oui” qu’à moins de trois ou quatre désirs sur dix. Pour un enfant, quand on dit oui plus d’une fois sur 2, ça devient alors un droit et non pas un privilège. Attention toutefois à ne pas verser dans l’excès inverse: ne passez pas non plus vos journées à dire non:  » Non! Ne touche pas! », « Non, ne crie pas! ». Comme dans tout, il vous faut trouver le juste équilibre.
  • Ne vous excusez pas de dire non: émettez un non clair, ferme, catégorique et… emphatique! « Non ma chouette, tu ne peux pas inviter d’amis ce soir, mais je comprends que tu aurais aimé. Peut-être demain. »
  • Ne confondez pas « expliquer » et « se justifier… » Une explication contient entre dix et quinze mots.
  • Cessez d’avoir peur de le mettre en colère. Plus vous vous démenez pour éviter à votre enfant d’être frustré, plus vous aurez de crises puisque vous lui renvoyez alors l’impression qu’il n’est pas normal de vivre des émotions désagréables.
  • Confrontez votre enfant à vos propres besoins et désirs: écoutez la télé en sa présence, permettez-vous d’entrer avec lui dans des boutiques qu’il n’aime pas, en vacances donnez-vous le droit d’aller visiter ce musée qui vous intéresse mais qui l’ennuie, écoutez parfois VOTRE musique en voiture, etc. J’ai souvent dit à ma fille: « Tu es importante pour moi, mais tes désirs ne valent pas plus cher dans la balance que les miens. »
  • Ayez des règles et des attentes claires et prévoyez les conséquences en cas de non respect.

Mes conseils vous semblent durs? Tout est dans la façon de faire! Une attitude empreinte de respect et d’empathie permettra à votre enfant de mieux intégrer ces apprentissages tout en se sentant aimé de ses parents.

J’aime tellement les enfants, que j’accepte qu’ils me détestent parfois!