Ais-je raison d’être si craintive lorsque j’envoie mon enfant à la garderie? Et si votre enfant pouvait parler que vous dirait-il selon vous?
Allo ! Moi c’est Milan,
J’ai 18 mois. J’ai une maman, un papa et un grand frère! Bien évidemment, si j’ai des parents, c’est que j’ai aussi une grand-maman, un grand-papa, une mamie, un papi, un parrain, une marraine, des tantes et des oncles… Ça c’est sans vous parler de tous les amis de mes parents qui jouent aussi un rôle dans ma vie !
Je voulais aussi vous parler de Jessica, elle je la vois presque tous les jours depuis que j’ai 8 mois. Elle est vraiment gentille avec moi : elle me chante des comptines, elle me berce, elle m’apprend les bruits d’animaux et elle me fait rire. Parfois elle me dit « non », mais elle finit toujours par me faire une belle caresse par la suite. J’aime ça quand elle me dit non, même si je lui fais des gros yeux, parce qu’elle m’apprend les limites. Elle me permet de comprendre que je ne suis pas le « nombril du monde » contrairement à ce que je ressens quand je suis avec la gang que je vous ai nommée dans le premier paragraphe! J’ai entendu maman dire que plus tard, je ne me rappellerai plus d’elle ! Maman a raison. Ma petite mémoire risque d’oublier qui était Jessica. Par contre, je sais que j’aurai en moi des petites graines qui vont pousser grâce à son passage dans ma vie.
Je me souviens lorsque j’entendais maman dire qu’elle allait devoir retourner travailler. Elle disait que de me quitter lui déchirait le cœur. J’avais envie de dire à ma maman qu’elle n’avait pas à s’inquiéter, que je serais toujours là à son retour du boulot… « Je vais t’attendre maman ne te casse pas la tête avec cela ». Je voulais qu’elle comprenne que de grandir grâce à d’autres adultes me permettrait de faire confiance (à moi, aux adultes, aux enfants et à la vie), de me forger un caractère (qui est, soit dit en passant beaucoup plus coriace que celui de mon grand frère), d’être plus débrouillard, d’être plus fonceur, de développer une sécurité affective, et de commencer à m’identifier par moi-même et non seulement à travers mes parents. Je ressentais que ma maman vivait de la culpabilité de ne pas être celle qui allait m’apprendre à faire : meuh… pit, pit, pit… miaou ! J’avais envie de lui dire : « Pourquoi te casses-tu la tête à ce point alors que tu dis que je ne me souviendrai même pas plus tard qui m’a appris cela? ».
Est-ce que maman croit qu’elle doit tout m’apprendre? Est-ce que cela l’amène à être insécure et triste? Est-ce que maman va décider de me garder juste pour elle pour s’assurer que tous mes besoins soient répondus de la façon qu’elle croit être la meilleure? Est-ce qu’elle va s’empêcher de faire confiance aux autres au cas où?
Vous vous souvenez, je vous ai dit que j’avais 18 mois. Je ne parle pas encore (oui…maman le sait 18 mois=18 mots) mais je pense beaucoup… Je crois que si ma maman ne prend pas conscience de ses « pensées, croyances, idées préconçues », si elle ne voit pas que celles-ci l’amènent à ressentir de la peur, de la tristesse, de la méfiance, elle peut risquer de me garder toujours tout près d’elle et ainsi apaiser son sentiment d’insécurité ! Cependant, elle répondra un peu moins bien à mes besoins : ceux de sécurité et d’estime !
« Maman n’aie pas peur s’il-vous-plait ! »
Auteur : Karine Boily-Grant, éducatrice spécialisée, bachelière en psychoéducation et coach familial chez SOSNancy
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