Comment encadrer efficacement nos enfants sans multiplier les cris, les menaces et les punitions?
Nous témoignons de l’amour pour nos enfants en leur donnant de l’affection, en les encourageant et étant toujours présents pour eux, mais aussi en établissant un cadre clair et sécurisant. Nous voulons qu’ils soient bien dans leur peau et heureux, mais nous voulons aussi en faire des citoyens responsables et respectueux des autres autant que d’eux-mêmes. C’est en leur inculquant des valeurs, des règles de vie, une façon de vivre que nous leurs apprenons l’autodiscipline et la responsabilisation. Malheureusement, pour plusieurs, encadrer se résume à relever chacune des erreurs de l’enfant à faire des reproches, répéter, hausser le ton et sévir alors qu’il existe bien d’autres moyens de fournir un cadre stable qui leur permettra de grandir harmonieusement.
Quelle différence entre conséquence et punition?
En fait, le mot « conséquence » n’est pas un synonyme de « punition ». Une conséquence, c’est le résultat d’un choix ou d’un geste posé. En ce sens, il y a des conséquences positives et des conséquences négatives. Si je mets beaucoup d’efforts à préparer un examen, la conséquence sera probablement une meilleure note et beaucoup de fierté, alors que si je bâcle mon travail, le résultat sera probablement moins satisfaisant.
Bien que l’utilisation des punitions s’avère parfois nécessaire et efficace afin de modifier certains comportements, il reste préférable d’utiliser, chaque fois que c’est possible, des conséquences logiques ou naturelles puisqu’elles responsabilisent davantage l’enfant. Dans certain cas, il n’est même pas nécessaire de sévir : une simple discussion ou des rappels affectueux peuvent suffire.
Il faut aussi faire attention à l’excès de mesures punitives, aux critiques incessantes et aux punitions humiliantes ou démesurées (retraits de plusieurs heures, à genoux dans le coin, laver le plancher, douches d’eau froide, etc.) Les menaces répétées sont aussi à proscrire (« Si tu ne m’écoutes pas, je t’enlève ton jouet préféré! »)
Les dangers de l’abus de mesures punitives des menaces et des critiques répétées
- Augmentation de la colère et de l’agressivité
- Envie de se « venger »
- Déresponsabilisation (« C’est la faute de mon méchant parent »)
- Tentatives de l’enfant de déjouer son parent (« Pas vu pas pris »)
- Baisse de l’estime de soi (« Je suis méchant, pas aimable »)
- Confrontations répétées, luttes de pouvoir
- Détérioration de la relation parent/enfant
- Climat familial négatif.
Comment susciter la collaboration de l’enfant?
- CHOISISSEZ VOS BATAILLES! Plus on critique, moins les enfants écoutent! Alors, ne relevez pas chacune de ses erreurs et laissez passer les comportements qui n’ont que peu d’importance ou qui risquent de s’arrêter d’eux même. Rappelez-vous que vous avez bien une vingtaine d’année pour élever vos enfants! Vous pouvez donc reporter certains apprentissages à plus tard…
- FERMETÉ ET BIENVEILLANCE: Ayez une attitude générale agréable envers votre enfant. Ayez régulièrement des moments de plaisir avec lui et assurez-vous de lui donner sa « ration quotidienne » d’amour et d’attention. Tentez d’avoir un juste dosage entre fermeté et bienveillance, chaleur et leadership.
- FAITES LES CHOSES AVEC LUI: Accompagnez davantage l’enfant dans ce qu’il a à faire. Ce n’est pas parce qu’un enfant sait comment se brosser les dents qu’il le fera par lui-même sans supervision. Souvent, le simple fait de « faire avec » peut vous éviter de répéter vos consignes. Par exemple, si Antoine est assis devant l’ordinateur, plutôt que de lui crier 4 fois de venir dîner, vous aurez avantage à aller le voir, vous intéresser 2 minutes à ce qu’il fait, puis, avec une attitude ouverte, positive mais ferme, lui dire: « Ok, on ferme maintenant et tu viens manger mon grand. »
- AYEZ DES RÈGLES ET DES ROUTINES STABLES: On respecte généralement mieux un patron structuré et qui semble savoir où il s’en va qu’un patron désorganisé. Écrivez, sur un carton, 5 ou 6 règles et affichez-les au mur. Faites de même avec les routines du matin et du soir. Il peut être pertinent d’utiliser des pictogrammes afin d’aider les enfants à visualiser rapidement ce qu’ils ont à faire. Si Jérôme prend son bain tous les soirs après son émission, il cessera, à la longue d’argumenter.
- SOYEZ CLAIR: Assurez-vous aussi que vos consignes sont bien comprises par l’enfant. Énoncez des consignes, pas des souhaits! (« Range des jouets dans le bac SVP! » Plutôt que « C’est le bordel ici, ça serait bien de ranger un peu. »)
- RESTEZ À PROXIMITÉ: Lorsque vous donnez une consigne, restez près de l’enfant jusqu’à ce qu’il ait collaboré. Votre proximité chaleureuse mais déterminée sera un incitatif à s’exécuter.
- UTILISEZ LA « MÉTHODE 1-2-3 »
- Je donne une consigne claire ou de fais une demande sur un ton agréable et chaleureux. S’il ne collabore pas…
- Je lui demande de venir me voir (je vais le chercher au besoin), j’arrête son jeu, je lui fais vivre un petit malaise puis je lui répète ma consigne plus fermement, les yeux dans les yeux, avec une phrase courte. « Justin, je voudrais que tu ranges tes jouets tout de suite, compris? » Je m’assure qu’il a bien compris ce que j’attends de lui. Je peux lui annoncer la conséquence qui s’en vient ou donner un choix clair. S’il ne collabore toujours pas…
- Conséquence immédiate, sans attention et surtout sans argumentation. (Conséquence logique ou retrait selon la situation)
- FAITES UN DÉCOMPTE: Lorsque vous donnez une consigne et qu’il ne s’exécute pas (surdité sélective…) comptez à rebours 5-4-3-2-1-0 puis agissez (par exemple, prenez-le par la main pour l’amener à la tâche demandée, fermez la télé, etc.,) Il apprendra vite que lorsque vous commencez le décompte, vous êtes sérieux!
- DONNEZ-LUI DES CHOIX CLAIRS et laissez-le les assumer ensuite. Par exemple : « Si tu vas prendre ton bain tout de suite, on aura le temps pour une histoire. Par contre, si tu veux, tu peux jouer encore 10 minutes mais après le bain c’est dodo. Qu’est-ce que tu préfères? » (ATTENTION! Si vous lui lisez tout de même une « toute petite histoire de rien du tout », vous lui apprenez à manipuler…) « Tu manges ce que j’ai préparé sans rouspéter ou tu ne manges rien jusqu’à la collation. C’est toi qui choisis. »
- ÉVITEZ LES MENACES: Remplacez les « si » et les « sinon » (menaces) par des « quand ». Par exemple, plutôt que de dire « Range ta chambre SINON tu n’iras pas jouer dehors avec tes amis et arrête de lambiner! », on dira plutôt : « Tu pourras aller jouer dehors, QUAND tu auras rangé ta chambre. Dépêche-toi, tu pourras sortir plus vite! » C’est plus respectueux, l’enfant est moins sur la défensive et l’obligation reste la même…
D’autres façons de favoriser la collaboration de l’enfant :
- LE SOMMEIL: Assurez-vous que votre enfant dort suffisamment (10 à 12 heures par jour incluant les siestes pour un enfant de moins de 6 ans, 8 à 10 heures pour les plus vieux). Un enfant fatigué est souvent agité et colérique.
- DIMINUER L’EXPOSITION AUX ÉCRANS: Puisque les jeux vidéos hypnotisent la plupart des enfants et font grimper leur taux d’adrénaline et de cortisol dans le sang, la plupart des enfants collaborent mieux et maîtrisent mieux leurs émotions quand on diminue le temps passé devant les écrans.
- LA DISCUSSION: Aidez-le à voir de façon concrète les effets de ses gestes : « Regarde! Juliette fait un beau sourire! Elle est contente que tu lui prêtes ton camion! Tu vois, elle veut jouer avec toi! Est-ce que ça te fait plaisir quand elle veut jouer avec toi? » « Tu vois, puisque tu m’as aidé à débarrasser la table, il me reste un peu de temps pour faire un jeu avec toi! »
- LES CONSÉQUENCES NATURELLES: Laissez l’enfant vivre les conséquences naturelles de ses gestes et trouver AVEC lui (et non à sa place…) ce qu’il fera la prochaine fois.
- LA RÉFLEXION: Apprenez-lui à réfléchir sur son comportement et celui des autres afin qu’il intègre des valeurs et comprenne les effets de nos gestes sur les autres et sur la relation qu’on a avec eux. Par exemple : lui demander son avis sur le comportement des gens à la télé et ce qu’il aurait fait à leur place.
- LE TON DE VOIX: Ayez une attitude et un ton de voix approprié à la gravité du comportement. Faite attention à ne pas constamment utiliser un ton brusque et faites preuve de chaleurs et d’humour dans les interventions du quotidien. Toutefois, sans crier, il est important d’avoir un ton très ferme lorsque l’enfant pose des gestes dangereux ou violents.
- LE CALME: Cessez de courir! Prenez le temps de régler les situations avec une attitude posée. Vous aurez ainsi beaucoup plus d’impact.
- LA VALORISATION: « Arrosez les fleurs, pas les mauvais herbes! » Sachez reconnaître et valoriser les bons coups et les qualités de vos enfants de façon sincère et spécifique : « Bravo, j’ai bien vu que tu étais très en colère contre ta soeur il y a quelques minutes et tu avais bien raison. Mais au lieu de te fâcher et de l’insulter, tu as pris une grande respiration et tu lui as exprimé clairement et calmement que tu n’avais plus envie de jouer avec elle. C’est une très bonne façon de faire! » plutôt que « Bravo champion! » ou « Tu as été gentil. »
Si vous avez pris l’habitude de crier et menacer de façon régulière afin de vous faire obéir, n’hésitez pas à consulter un professionnel afin de renverser la vapeur et ramener un climat familial plus agréable.
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