Éloge de l’authenticité parentale
Tous les parents s’évertuent à enseigner à leur marmaille l’importance d’être honnête, de dire la vérité et de ne pas reporter sur autrui la responsabilité de leurs actes. Mais qu’en est-il du modèle que nous leur offrons? Bien qu’il vaille parfois mieux omettre certaines vérités (les réelles raisons d’une séparation parentale, par exemple) et que certaines entorses à la vérité puisent être sympathiques (le père Noël et la fée des dent entre autre) le mensonge est généralement une bien mauvaise idée. Malheureusement, de nombreux parents mentent régulièrement à leurs enfants, pour toutes sortes de raisons plus ou moins reluisantes. Voici quelques un des mensonges parentaux les plus fréquents et l’impact possible sur la relation avec l’enfant.
5 types de mensonges parentaux courants
1- Le mensonge éducatif
Certains parents, dans leur désir d’inculquer leurs valeurs ou d’encourager certains comportements, n’hésiteront pas à inventer des histoire farfelues ou effrayantes.
« Si tu ne brosses pas tes dents, elles vont toutes tomber! »
« Si tu n’es pas sage, le père Noël ne te donnera pas de cadeau. »
« Mange tes légumes si tu veux devenir fort comme Popeye! »
« Arrête de mentir! Ton nez allonge! »
« Si tu fais des grimaces, ton visage risque de rester coincé comme ça! »
« Si tu ne dors pas, le marchand de sable viendra te croquer les orteils »
« Si tu racontes des mensonges, les policiers vont venir te chercher et te mettre en prison » (!!)
Malheureusement, l’enfant saura un jour ou l’autre que tout ça n’était que mensonge. Il risque alors de perdre quelque peu confiance en son parent. Il est aussi possible qu’il retienne que le mensonge est justifié pour amener l’autre à se plier à notre volonté. Et c’est sans compter les risques de voir l’enfant développer des phobies et de l’anxiété!
2- Les menaces qui ne seront jamais appliquées
Il arrive aussi qu’un parent cherche vainement une solution pour que l’enfant obéisse ici et maintenant. À court de ressource, il peut alors menacer l’enfant d’une sanction « épouvantable » en sachant très bien qu’il ne l’appliquera jamais. Quand j’étais petite, ma mère me répétait: « Si tu n’es pas gentille, tu vas aller habiter chez la madame méchante! » Ho! Ça fonctionnait immédiatement, mais à quel prix!
« Tu ne veux pas partir? Bye! Bye papa s’en va alors! Je vais te laisser ici tout seul. »
« Si tu n’es pas gentil, on ne reviendra plus jamais chez mamie. »
« Si tu ne ranges pas tes jouets, je vais tous les jeter aux poubelles. »
Rappelez-vous que chaque fois que vous menacez l’enfant d’un sanction qui ne vient jamais, vous sabotez votre autorité et votre crédibilité! Alors que j’étais au restaurant avec une copine et son fils de 6 ans, l’enfant est devenu passablement agité après le repas. En réponse à sa mère qui le menaçait de ne plus venir au restaurant avec lui, le jeune a répondu, tout sourire: Moi ça ne me dérange pas car je n’aime pas ça beaucoup aller au restaurant. C’est toi, maman que tu vas punir, car tu aimes ça beaucoup! »
3- Les mensonges flatteurs
Afin de booster l’estime personnel de leurs enfants, bien des parents les encensent et en mettent un peu trop en matière de compliment.
« WOW! Tu es le champion de … «
« Tu es LA PLUS jolie des petites filles. »
« Quel beau dessin! C’est un oeuvre d’art. »
« C’est toi la meilleure danseuse du monde entier. »
« Tu as une voix d’ange! Tu es un futur chanteur! »
« Ce sont les meilleurs biscuits que ne n’ai jamais mangé! »
Je dis souvent que les enfants ont une antenne de la NASA sur la tête. Ils le sentent lorsque le parent ou l’adulte fait un compliment qui sonne faux. Cela apporte beaucoup de confusion chez-eux puisque ce qu’ils entendent de correspond pas avec ce qu’ils ressentent. Par ailleurs, il arrive aussi que le parent dise quelque chose à son enfant pour l’encourager, puis dise totalement l’inverse à l’entourage. Par exemple, le parent qui répète soir après soir à son enfant qui vit des difficultés scolaires: « Tu es capable! J’ai confiance en toi! Travaille fort et tu vas réussir! » , mais qui confie à une amie au téléphone: « Thomas a beaucoup de mal à l’école, je suis découragée, je crois qu’il va rater son année scolaire. »
Savez-vous quand les enfants nous écoutent le plus? Quand ce n’est pas à eux qu’on parle! Et ils accordent beaucoup plus d’importance à ce qu’on dit aux autres adultes qu’à eux. Le problème majeur, c’est qu’ensuite l’enfant ne sait plus s’il doit croire ou non l’adulte, accepter ou non les compliments. Les parents et les divers adultes devraient s’assurer de faire aux enfants des compliments et valorisations, justes, sincères, méritées et venant du coeur.
4- Les mensonges pour acheter la paix
Parfois, pour éviter de dire non, de mettre une limite et devoir assumer la colère de l’enfant, les adultes racontent des « mensonges pieux ». Il arrive aussi que les parents tentent simplement d’éviter à l’enfant d’être déçu, inquiet ou triste:
« Tu voudrais que je t’achète ce jouet? Non, maman n’a plus de sous! »
« Tu veux des chips? Non il n’y en a plus! » (Alors qu’il y en a dans l’armoire)
« Non, non maman ne pleure pas. Je suis juste fatiguée! »
« Mais non! Ça ne fera pas mal quand je mettrai du désinfectant sur ta blessure! »
« Ton chien est au paradis des chiens »
Encore une fois, mentir de cette façon est une bien mauvaise façon d’attirer le respect de l’enfant. Les parents devraient assumer clairement leurs décisions et leur autorité afin de développer une saine relation avec l’enfant. Par ailleurs, éviter aux enfants les frustrations et émotions négatives ne les prépare pas à affronter la vie. Si l’ont veut enseigner aux enfants la saine gestion des émotions et développer leur tolérance à la frustration, il faut malheureusement les exposer régulièrement à des situations qui font naître des émotions désagréables et se montrer emphatique à ce qu’ils vivent.
5- Le mensonge défensif
Parfois, dans un réflexe défensif, les parents lanceront des boutades et des reproches aux enfants plutôt que de révéler leurs réelles émotions et pensées. Les accusations fusent, alors qu’en fait, elles visent à camoufler une émotion désagréable.
« Ces jeunes là sont des délinquants, je ne veux pas te voir avec eux! » qui cache en fait: « Je suis inquiet pour toi. »
« Si j’ai crié c’est que tu m’as poussé à bout! Tu n’obéis jamais! » qui cache en fait: « Je ne suis pas fier d’avoir perdu patience. »
» Vous me prenez pour une bonne à tout faire! » alors qu’au fond le parent pensait: « Je suis épuisée, j’aurais besoin d’un coup de main. »
« Hey! Tu te prends pour qui de me parler sur ce ton? Sois poli jeune homme! » alors que ce père aurait pu simplement dire: » Ouf! Ce que tu viens de dire est vraiment blessant. »
« Encore en retard! Tu viens encore de nous prouver qu’on ne peut pas te faire confiance! » cache pourtant un: « J’étais inquiet et je suis vraiment déçu que tu n’aies pas respecté l’entente. »
Malheureusement, ces attaques, plutôt que de désamorcer la situation ont généralement pour effet de mettre aussi l’enfant sur un mode défensif et il risque fort de soit se refermé, soit attaquer à son tour.
En conclusion
Vous désirez bâtir une relation vraie, honnête et sincère avec vos enfants? Vous désirez qu’ils aient confiance en vous et vous respectent? Ayez le courage de parler avec votre coeur, d’assumer votre autorité, de risquer de les décevoir et de simplement dire les vraies choses, en toute sincérité. C’est parfois plus dur à assumer à court terme, mais mille fois plus payant à long terme.
Je me demandais aussi, quand une personne proche comme un grand-parent est malade, peut-on ne rien dire aux enfants pour ne pas les inquiéter ou au contraire faut-il dire la vérité parce cela leur permet de se préparer?