Le fragile équilibre de la cohésion parentale
Qu’on le veuille ou non, le temps où maman prenait seule toutes les décisions concernant les enfants et où papa n’avait pour rôle parental que de distribuer les fessées est bel et bien révolu. Fort heureusement, direz-vous? Bien entendu! La présence paternelle apporte aux enfants un réel enrichissement et personne ne souhaiterait revenir en arrière, mais… il y a un mais. Il faut maintenant trouver une façon de s’entendre sur la façon de faire et entreprendre un réel travail d’équipe dans l’éducation des enfants. Ce n’est pas toujours une tâche facile… Tous deux issus de familles aux valeurs différentes et parfois contradictoires, ayant chacun un tempérament différent, nos propres croyances et blessures, il arrive que nous voyions différemment les stratégies à adopter en ce qui concerne les comportements inappropriés de nos enfants.
Comme votre conjoint et vous êtes deux personnes différentes donc vous agirez de façon différente avec vos enfants. C’est normal, et votre enfant s’y habituera rapidement. Toutefois, pour qu’il se sente en sécurité et n’ait pas l’impression de devoir choisir lequel de ses deux parents a raison, ceux-ci doivent appliquer les règles et valeurs de base de façon semblable. Le défi est encore plus grand lorsque les parents sont séparés, mais tout aussi important.
Ne sabotez pas l’autorité de votre conjoint
Une fois que vous vous êtes entendus sur les règles de base, n’en dérogez sous aucun prétexte. En tout temps, si vous êtes en désaccord avec l’intervention de votre conjoint, abstenez-vous de le lui dire (ou de le montrer!) devant l’enfant. Ne modifiez jamais une conséquence donnée par votre conjoint. Appuyez TOUTES ses décisions, même celles que vous jugez « douteuses ». Il vaut mieux que l’enfant ait une punition un peu trop sévère qu’il perde la confiance qu’il a en votre jugement ou qu’il se sente responsable de vos querelles. Si papa et maman s’accusent l’un et l’autre de ne pas intervenir de la bonne façon, l’enfant risque de se demander lequel est capable de l’éduquer! Vous pouvez intervenir sur le champ seulement lorsque la situation dégénère, c’est-à-dire lorsque l’agressivité risque de se transformer en violence physique ou verbale de façon imminente.
Laisser l’autre être lui-même
Papa : « Justin viens ranger tes jouets dans le salon! »
Maman : « Bah, Ce n’est pas grave! Il rangera après le dîner! »
Maman : « Clara, met tes mitaines, il fait froid! »
Papa : « Laisse-là faire! Si elle a froid elle les mettra! »
Combien de fois par jours est-ce que vous et votre conjoint avez des consignes contradictoires envers les enfants? Bien que ce ne soit pas catastrophique, à la longue la situation peut devenir anxiogène ou, tout au moins, irritante pour les jeunes qui finissent par ne plus savoir à qui obéir. Ainsi, si la consigne de l’autre parent n’est pas dommageable pour l’enfant, évitez de vous en mêler même si ce n’est pas exactement la façon dont vous auriez intervenu.
Votre conjoint n’a pas besoin de devenir votre clone… Chacun développera son propre style d’intervention. L’un risque d’être un peu trop sévère alors que l’autre ne le sera pas tout à fait assez. Peut-être que papa jouera un peu trop avec les enfants, alors que maman sera un peu trop centrée sur les tâches à accomplir. L’un donnera trop d’attention et d’amour, l’autre pourra parfois être un peu trop froid et rationnel dans ses contacts. Ces différences dans le style éducatif ne sont pas très graves! Les enfants s’adaptent et en tirent souvent avantage puisqu’ils développent la capacité de s’adapter à différentes personnalités.
En ce sens, même à l’écart des enfants, résistez à la tentation de remettre en doute toutes les décisions et interventions de votre conjoint. Il n’y a pas qu’une bonne façon de faire avec les enfants et la sienne est probablement aussi bonne que la vôtre. Éduquer un enfant est un travail d’équipe; entendez-vous sur les « jeux de base » puis faites confiance à votre coéquipier pour le reste!
Éléments qui peuvent différer en ce qui concerne l’encadrement parental
Par exemple :
- Avant d’aller au lit, papa me lit une histoire alors que maman me berce quelques minutes.
- Papa insiste sur les bonnes manières à table alors que pour maman, ce n’est pas si important. Ce qui l’agace, elle, c’est quand Maxime et Julie se querellent et s’obstinent.
- Avec papa, je dois ranger mon jeu avant d’en prendre un autre; avec maman, je dois ranger tous mes jouets avant le repas.
- Papa veut inculquer à ses enfants la valeur du travail, alors que maman tient à transmettre la tolérance (valeurs différentes, mais non contradictoires).
Éléments qui doivent être semblables en ce qui concerne l’encadrement parental
- Les routines : les heures de repas, de coucher, endroit et moment pour faire les devoirs, etc.
- Les valeurs et les règles de base (Exemples : Quel langage exige-t-on? Laisse-t-on Alexandre jouer au Nintendo aussi longtemps qu’il le souhaite? Impose-t-on des tâches à Catherine?
- Les conséquences (Exemples : Que fait-on lorsque Maxime fait une crise de colère? Est-ce qu’on l’envoie dans sa chambre cinq minutes ou est-ce qu’on l’ignore? Quelle est la conséquence lorsque Julie frappe son frère?
- Les stratégies pour modifier un comportement (Exemple : Julien dit des gros mots depuis quelque temps; que fait-on?
Bien que les désaccords soient inévitables, si vous vous respectez l’un et l’autre, vous permettrez non seulement à votre enfant de se sentir en sécurité, mais vous lui fournirez aussi un excellent modèle de relation respectueuse et de résolution pacifique des conflits. Toutefois, cet exercice demande une bonne dose de tolérance, d’indulgence et surtout de maturité! Si vous n’arrivez plus à faire équipe, n’hésitez pas à consulter, il en va du bien-être de ceux que vous chérissez.
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