Depuis quelques années, les attentats se multiplient à travers le monde, semant la peur et la désolation un peu partout. Les bains de sang se succèdent et nous laissent tous pantois.
Encore hier, des attentats à Manchester ont défilés sur nos écrans avec des images de violence et de mort. Cette fois, ce sont des jeunes et des enfants qui ont été ciblés. L’horreur ne semble pas vouloir s’arrêter. Mais alors que nous, adultes, sommes bouleversés et inquiets suite à ces événements, qu’en est-il de nos enfants? Difficile de protéger leurs oreilles alors que la télé, la radio, les médias sociaux et tous les adultes qui les entourent en parlent sans arrêt avec beaucoup d’émotion. Que devrait-on leur dire?
Protéger les jeunes enfants contre les images liées au terrorisme
Tout d’abord, on doit tenter de tenir les jeunes enfants (et le plus longtemps possible), loin des images des fusillades et des conversations sur le sujet puisqu’ils auront bien du mal à comprendre la situation et même à exprimer leurs craintes et émotions. Toutefois, si on croit qu’ils ont eu conscience du drame il est important d’aborder le sujet avec eux et ce, dès l’âge de trois ou quatre ans, avec des mots simples et adaptés à leur âge. L’objectif n’est pas de leur expliquer ce qui est inexplicable, mais plutôt de leur ouvrir la porte s’ils ressentent le besoin d’en parler.
Ouvrir la discussion
Puisque les enfants d’âge scolaire entendent souvent parler du terrorisme à l’école, on se doit de prendre le temps d’en discuter avec eux. Il faudra d’abord bien cerner ce qu’ils savent et surtout ce qu’ils ont compris des informations auxquelles ils ont été exposés. En effet, les enfants peuvent parfois mélanger des brides d’informations et y ajouter des éléments de leur imaginaire ou de leur vécu.
On doit ensuite ouvrir la porte à l’expression des émotions et des peurs reliées à la situation. Posez des questions directes et validez l’émotion de l’enfant sans nécessairement le rassurer tout de suite :
« Comment te sens-tu par rapport aux attentats? », « As-tu peur du terrorisme? », « Qu’est-ce qui te fais peur? », « Oui, c’est tellement triste n’est-ce pas? », « Tu as peur qu’un tireur vienne ici? Oui, ça fait un peu peur hein? » Laissez-le en parler aussi souvent et aussi longtemps qu’il en ressentira le besoin.
Si l’enfant ne semble pas vouloir en parler, n’insistez pas mais parlez un peu de votre ressenti : « Moi je trouve ça vraiment triste ce qui arrive. » Évitez toutefois de vous étendre sur vos propres craintes puisque votre anxiété ne pourrait que lui confirmer que le risque est bien réel.
Les enfants ne comprennent pas tout ce qui se passe, ils se fient sur la réaction des adultes. Plus les adultes leur semblent ébranlés, plus ils comprennent que c’est grave et risquent de développer des peurs et de l’anxiété. Donc il est important de faire attention à nos réactions et à ce qu’on dit, même si les enfants ne semblent pas nous écouter. Si vous semblez inquiets et bouleversés, ils ne vous croiront pas si vous leur dites ensuite de ne pas s’inquiéter.
Écouter
Donc, on écoute d’abord, puis… on écoute encore. Faites attention à ne pas trop chercher à le rassurer rapidement, vous risqueriez de bloquer l’expression de ses émotions. Il vaut mieux, au départ, accueillir et valider se qu’il vit. Si l’enfant vous questionne sur le terrorisme, n’entrez pas dans les détails morbides mais répondez directement et clairement à ses questions sans ajouter d’informations supplémentaires. Qu’est-ce qui est arrivé? « Une bombe a éclaté lors d’un spectacle » (Il n’est pas nécessaire que l’enfant sache qu’il est question d’un kamikaze.) Est-ce qu’il y a des gens qui sont morts? « Oui, mon cœur. C’est vraiment triste. » Pourquoi? » On ne sait pas mon poussin, c’est difficile à comprendre. »
Éviter les discours racistes
Faite bien attention aux mots utilisés pour parler des attentats. Dire que ce sont « les musulmans » qui tuent les gens risque fort malheureusement d’amener votre enfant à généraliser et à craindre non seulement tous les musulmans mais aussi à développer une crainte des étrangers. Or, nous savons tous que c’est une minorité d’extrémistes qui sont derrière cette violence. N’encourageons pas nos enfants à craindre ou « faire la guerre » à tous ceux qui sont différents de lui.
Rassurer
Ce ne sera qu’après avoir laissé l’enfant s’exprimer librement qu’on le rassurera finalement en lui expliquant que ce genre d’événement est rare et qu’il y a vraiment peu de risque qu’il arrive la même chose près de chez-lui. Il ne faut toutefois pas mentir en disant que c’est impossible. On peut utiliser des phrases comme: « Je ne crois pas que ça va arriver ici. »
On peut aussi conclure en encourageant le jeune à faire quelque chose susceptible de lui faire du bien, comme de se changer les idées, accepter un gros câlin ou encore faire un dessin dans lequel il exprimera ses émotions négatives afin de s’en débarrasser.
Il est aussi important de savoir que l’enfant risque de revenir quelques fois sur la situation dans les prochains jours, afin d’exprimer une nouvelle émotion ou de poser de nouvelles questions. Chaque fois, on prendra deux ou trois minutes pour recevoir ce que nous dit l’enfant, pour le rassurer quelque peu avant de changer de sujet afin de ne pas alimenter les pensées négatives. Évitez toutefois de banaliser ses inquiétudes en disant des phrases comme : « Arrête de parler de ça! Va jouer! » Les gestes d’affection comme les câlins et les bisous sont également des façons de montrer à votre enfant que vous êtes présent et que vous le protégez.
Consulter au besoin
En terminant, certains enfants, plus sensibles ou plus anxieux que d’autres, peuvent développer des symptômes d’anxiété importants à la suite d’une situation semblable. Ainsi quelques enfants pourraient souffrir de cauchemars récurrents, perte d’appétit, questions incessantes ou jeu répétitifs représentant la scène, hypervigilance, sursaut continuels, anxiété de séparation, inquiétudes démesurées, sembler « déconnecté » de leurs émotions de façon non habituelle, attitude figée, perte de plaisir ou encore développer des réactions très agressives. Il sera donc important, dans ce cas, d’éviter le plus possible l’exposition aux images de la catastrophe et ne pas hésiter à consulter un spécialiste. Les psychologues sont généralement les meilleurs intervenants dans ces situations et il suffit souvent que quelques rencontres afin de régler le problème.
Nancy Doyon,
Coach familial
Auteur, conférencière
Présidente de SOS Nancy
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