Un texte de Suzie Chiasson-Renaud, psychorééducatrice et coach familial
Plusieurs personnes disent qu’avoir un enfant, c’est un véritable cadeau de la vie, que c’est la plus belle chose au monde. Effectivement, les enfants savent nous émerveiller et mettre de la joie dans nos vies. Mais, il arrive parfois que nos enfants, ces êtres si merveilleux et angéliques, nous montrent un côté d’eux qui nous était encore inconnu.
En effet, bien souvent, l’auréole se transforme en petites cornes et nous nous demandons alors, ce que nous avons fait à cet adorable petit trésor pour qu’il se change soudainement en un être maléfique. Alors, devant les crises de Victor, l’opposition de Magalie et le manque de discipline de Mathieu, nous nous inquiétons.
Nous voulons trouver LA formule magique pour faire disparaitre à tout jamais ces comportements franchement dérangeants, et ce, rapidement! Parce qu’après tout, ce n’est pas acceptable de se comporter ainsi et un enfant, ça devrait toujours être beau et fin, comme la fille de ma cousine qui est tellement calme et polie.
Il est tout à fait louable et compréhensible de vouloir que notre enfant adopte de bons comportements. Toutefois, nombreux sont les parents qui se mettent une pression énorme et irréaliste pour que leurs enfants aient un comportement presque irréprochable, pression qui est également grandement ressentie chez l’enfant. Puis soyons franc, ce n’est pas toujours évident de rester zen lorsque les gens autour nous regardent et jugent nos moindres gestes !
Dans les livres, il est écrit qu’un enfant devrait marcher et parler à tel âge et se comporter d’une certaine façon. Nous nous questionnons donc lorsque l’éducatrice ou l’enseignante nous rapporte certaines difficultés constatées pendant la journée ou encore lorsque cette journée a été plus difficile pour notre enfant. Et que dire de tous ces petits commentaires de notre entourage sur notre façon d’intervenir, qu’avec eux ces comportements seraient inacceptables!
À tort, l’hypothèse suivante est souvent conclue : «Si le comportement de mon enfant est inadéquat, c’est parce que mon enfant est inadéquat. Et si mon enfant est inadéquat, c’est forcément parce que je suis moi-même inadéquat dans mon rôle de parent. »
Voilà que la pression, l’inquiétude et la culpabilité augmentent. Les parents semblent également avoir la croyance que le comportement inadéquat ou dérangeant est anormal. Ainsi, les attentes envers les enfants sont très fréquemment irréalistes. Résultats ? Beaucoup de frustrations, de déceptions, de sentiments d’incompétence et d’impuissance.
*ATTENTION ! Si votre enfant présente les symptômes suivants, il est possible qu’il soit atteint de l’ENFANCE, une infection présente dans la très grande majorité des familles :
• N’écoute pas les consignes du premier coup
• Fait des crises et des caprices, particulièrement au mauvais moment (ex : le matin juste avant de partir pour la garderie/l’école, à l’épicerie…)
• Est excité
• N’a aucune notion du temps
• Raconte parfois des mensonges
• Se chicane avec ses frères et sœurs
• Ne veut pas aller se coucher
• Ne veut pas se lever
• Ne veut pas se laver
• Argumente
• N’a aucun intérêt à ramasser
• Manque de reconnaissance pour tout ce qu’on fait pour lui
• Expérimente les choses et les gens (test les limites, explore comment son monde fonctionne)
Si votre enfant présente plusieurs de ces caractéristiques, voir même toute la liste, ne vous en faites pas! Il est tout à fait normal. Il faut s’attendre à ce qu’un enfant adopte des comportements inadéquats et c’est d’ailleurs grâce au fait qu’il expérimente ces comportements qu’il peut apprendre si ceux-ci sont acceptables ou non. En effet, c’est avec de la pratique et beaucoup de compréhension qu’il apprendra à mieux gérer ses comportements.
Imaginez si lorsqu’un enfant apprend à marcher, on se mettait en colère chaque fois qu’il tombe en disant : « Ben voyons ! C’est quoi ça ? Ça fait 10 fois que je te relève, c’est assez !».
Certes, votre patience est souvent mise à rude épreuve, mais il faut se rendre à l’évidence : un enfant n’est pas censé venir au monde en étant déjà élevé, même si c’est ce que la petite madame, qui vous dévisage au magasin, souhaiterait.
Parfois, les adultes ont tendance à oublier qu’un enfant, ça ne se comporte pas comme un adulte, mais bien comme un enfant. Leur cerveau a beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à maturité, soit autour de 25 ans.
Puis encore, il continuera d’évoluer pendant plusieurs années. Leur éducation est donc un long processus qui demande, entre autre, du temps, de la patience, de la constance et de la cohérence, pour ne nommer que cela. Il faut aussi se rappeler que chacun est unique et possède son propre tempérament. C’est donc dire qu’il ne faut pas s’affoler parce que votre fille n’est pas aussi docile que la fille de votre cousine.
Savoir que les comportements inadéquats de l’enfant font partie de son développement normal, ça ne veut certainement pas dire qu’il ne faut pas intervenir, mais ça permet de dédramatiser, d’avoir des attentes plus réalistes et de faire descendre la pression.
Comme le dit si bien Nancy Doyon : « Détendez-vous, vous avez au moins 18 ans pour élever vos enfants ».
Suzie Chiasson-Renaud
Psychoéducatrice et coach familial
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